J'aime à croire que ce modèle existe, même si en fait, je n'en suis pas si sûr.
Il me semble, je vois mal comment cela n'aurait pas pu être délibéré, que les grandes maisons de champagne se sont réunies, à un moment donné, et ont décidé du modèle économique qui devait convenir à leur filière.
En cela, il s'oppose indéniablement au modèle bordelais, dans lequel aucune réflexion, sur la qualité et les prix, n'a semble-t-il jamais été envisagée.
Des Bordeaux, vous en avez dès trois euros la bouteille, et parfois, étonnamment, ils ne sont pas si mauvais que cela, et puis vous avez la bouteille de primeur des premiers crus qui sort à plus de 1000 €…
Ces derniers producteurs se gavent, mais pour combien de temps, alors que les premiers tirent la langue, souffrent et désespèrent.
Dès qu'il y a une crise, climatique, économique ou autre, c'est toute la filière qui tremble, et menace de s'effondrer.
Ajoutez à cela, qu'avec un tel dumping sur la qualité et les prix, le Bordeaux est attaqué de partout, et par ses plus proches voisins : Madiran, Cahors, et un peu plus loin, Languedoc.
Personne n'y trouve son compte, sauf quelques grands seigneurs peut-être, qui s'apitoient à peine sur ceux qui triment chaque jour, sans arriver à joindre les deux bouts.
Ce modèle apparaît fragile, précaire, et sans avenir.
Un peu plus au nord, entre Troyes et Reims, c'est la Champagne qui se révèle.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais rien que le mot de champagne, laisse apparaître une légère sensation, bien agréable, d'euphorie.
De Champagne, à moins de 15 € vous n'en trouverez pas, même si, nous avons tous nos petits revendeurs qui nous le laissent espérer.
Au sommet, et quand vous attaquez les grandes maisons : Bollinger, Dom Perignon et autre Krug, vous touchez déjà au nectar à 200 €.
Bien sûr, comme dans toute activité, il y a du très haut de gamme, on a toujours besoin de la pointe suprême de la pyramide, mais 80 % de l'activité se situe entre 20 € et 100 € la bouteille.
Toute la filière en profite, les « gros » ne se plaignent pas plus que cela, et en bas les « petits producteurs » gagnent décemment leur vie, en fabriquant en outre, un produit de qualité.
Les instances dirigeantes protègent, à tous les instants, ce modèle économique et même, le simple nom de « Champagne », plusieurs parfums ou cigarettes s’y sont cassés les dents, et celui-ci n’est attaqué par presque personne, quelques crémants d'Alsace ou du Jura, pour rigoler.
Le chiffre d'affaires de la profession d'avocat est de l'ordre de 12 milliards d'euros qui produit 4,4 milliards de bénéfices.
Le budget annuel de l'aide juridictionnelle est de 380 millions d'euros, soit 3 % de ce chiffre d'affaires.
Les gros cabinets ont une croissance à deux chiffres, au détriment peut-être, de la santé et de la qualité de vie de leurs associés et collaborateurs travaillant 70 heures par semaine.
Qu'on ne s’y trompe pas, je ne prétends pas qu'ils ont volé leur rémunération.
Cependant, dans le même temps et dans les mêmes villes, tant de nos confrères sont en dessous d'une rémunération décente, luttant quotidiennement pour essayer de récupérer, un peu de ces 3 % du chiffre d'affaires, qui dans certains barreaux concernent 100 % des avocats inscrits.
Est-ce bien raisonnable, et pérenne, surtout pour les jeunes entrants ?
Il serait temps d'envisager un modèle champenois, dédicace spéciale à mon ami Éric Raffin, et pourquoi pas, dès la prochaine convention nationale des Avocats, qui se tiendra en octobre 2017… À Bordeaux…