Un peu comme une certaine forme d’alignement des planètes…
Gazette du palais : lext.so/-tMgSy
En astronomie, l'alignement des planètes du système solaire, relève du mythe.
D'aucuns prétendent qu'il a déjà eu lieu, d'autres qu’il interviendra dans plusieurs millions d'années, enfin, la plupart, jamais, quoi qu'il en soit, ce n'est pas gagné.
Pour notre profession d'avocat, ce devrait être plus simple car ils ne sont que trois.
Le seul problème, c'est que, comme dans notre système solaire, les astres ne sont pas de taille égale.
D'aucuns prétendent qu'ils ont parfois été en phase, d'aucuns assurent qu'ils le seront peut-être un jour, gageons qu’ils le seront pour ces deux prochaines années cruciales pour l'avenir de notre profession : 2016 et 2017.
Il n’est plus vraiment le temps de tergiverser, car nous sommes attaqués de toutes parts, et la plus mauvaise solution, l’histoire se charge de nous le rappeler, est le repli sur soi-même.
Nous sommes un peu dans la situation des horlogers suisses des années 70, avec leur monopole qu'ils pensaient inattaquable, se gardant à droite et à gauche de leurs supputés concurrents, et n'ayant pas l'esprit assez ouvert pour accepter l'innovation et le changement.
C'est pourquoi, ils envoyèrent paître l'inventeur du mouvement à quartz qui alla donc le proposer aux fabricants japonais.
Dix ans après l'horlogerie Suisse n'existait quasiment plus.
Changement de paradigmes donc, que ceux qui étaient en place n'avaient jamais, même, imaginé. Ne nous leurrons, et soyons lucides, notre profession d'avocat est exactement dans la même situation.
Ceux qui vont essayer de nous croquer, ce ne sont pas nos concurrents identifiés et avec lesquels nous ferions bien mieux de nous associer : les experts-comptables grâce à l'interprofessionnalité et les juristes, ceux qui ont été, pour leur grande majorité au cours de leurs carrières, d'ores et déjà Avocat.
Si nous ne réformons pas notre déontologie parfois désuète, si nous n’ouvrons pas nos esprits et nos rangs à ceux qui pourront rejoindre la seule grande profession du droit à savoir celle d'AVOCAT, dans 10 ans nous n'existerons peut-être plus vraiment.
Nous sommes, pour la plupart de nos activités, dans un marché ouvert qui fait déjà l'objet de coups de boutoirs que nous semblons minimiser.
Nos véritables concurrents sont ceux qui sont à la marge, à nos frontières, et où, comme l’empire romain vieillissant, nous croyons pouvoir les y laisser.
Comme d'ailleurs nous ne prêtons qu'assez peu d'importance au digital et à l'intelligence artificielle.
Il faut arrêter de nous dire que l'intelligence artificielle ne pourra jamais dépasser l'homme et sa finesse d'analyse, notamment dans le domaine de la consultation juridique.
Depuis que Deep Blue a écrasé le champion du monde d’échec, puis récemment, Deep Mind celui du jeu de GO réputé trop intuitif pour une machine, pour ma part, je ne me fais plus vraiment d'illusions.
Cette IA, dont certains nous disent déjà qu’elle dépassera l'intelligence humaine dès 2020, nous ne pouvons bien évidemment pas la contrecarrer mais il faut l'accompagner et, comme nous l'avons fait dans le passé, tant notre profession est réactive, nous y adapter.
La deuxième difficulté majeure, c'est la pérennisation et la patrimonialité de nos structures.
Notre modèle entrepreneurial, notre système de fonctionnement, basé sur le contrat de collaboration libéral qui paupérise les jeunes entrants dans notre profession, et sur nos 60 à 70 heures de travail hebdomadaire, le sourire en façade pour nos clients, et la peur aux ventres pour tous les autres, ne pourra pas durer très longtemps, sauf là encore à se voir absorber par ceux qui font différemment, mieux, et surtout plus intelligemment.
Alors pour en revenir à notre gouvernance, qu’on ne parle plus vraiment de réformer, ce qui est une bonne chose tant il serait plutôt souhaitable d'essayer de faire fonctionner avant, ce qui existe, il semble bien que ceux qui sont aux manettes aujourd'hui, et pour les deux prochaines années ont conscience de cette urgence, et des indispensables réformes que nous devrons nous-mêmes mettre en œuvre… sinon on le fera pour nous…
Qui n'avance pas recule, alors ne parlons même pas de ceux qui repartent en arrière…