Retour aux Batignolles…
C'est curieux comme parfois on n’arrive pas à connecter des neurones qui devraient l'être.
J'avais simplement oublié que j'avais participé à une randonnée à ski en Italie, pendant quatre jours, avec l'un des bras droits de Renzo Piano…
Au demeurant, vous aurez remarqué que les grands hommes ont un, voire plusieurs bras droits, mais aucun bras gauche…
Quoi qu'il en soit, Bernard ayant reçu mon dernier article, dont vous comprendrez qu'il ne partageait pas vraiment tout le contenu, me proposa si je le souhaitais, une visite particulière du nouveau tribunal.
Ainsi, après avoir atteint avec lui le sommet du « Grand Paradis » j'ambitionnai d'accéder au Nirvana du 29e étage.
Première découverte pour moi, les professionnels peuvent accéder par la rue du Bastion, en plus de l'entrée principale, ce qui peut simplifier les déplacements.
Pour les motards et autres détenteurs de deux roues, n'oubliez pas d'acheter une grande chaîne, ce que je n'ai pas manqué de faire, pour attacher vôtre destrier aux arbres, ou autres bancs publics que vous pourrez trouver, les services de police qui ont délibérément voulu ce palais sans place pour les deux-roues, n'hésitent pas à les faire enlever sans autre forme de procès…
Une autre (bonne) surprise par rapport à ma première visite, en ce que l'espace attribué aux avocats, notamment pour les robes, est dorénavant assez confortable et accessible au rez-de-chaussée, et non plus à l'atroce bureau type URSSAF du sixième étage.
Tel n'est hélas pas le sort réservé aux salariés de l'ordre qui se trouvent au Bureau Pénal et qui travaillent dans des conditions (place, température, accueil des confrères…) qu'il convient de qualifier d'inadmissibles.
Il est incompréhensible que dans un palais de plus de 60 000 m² utiles aucun endroit, avec un tant soit peu d’ergonomie ne puisse leur être attribué.
Le dévouement de tous ces salariés a des limites, et il conviendrait de ne pas les franchir.
Grâce à mon guide (non, pas Charon) me voici propulsé en des lieux où peu de nos confrères pourront accéder.
C'est d'abord la magnifique bibliothèque des magistrats, tout en bois et fauteuils club en cuir que peut-être, le seul d'entre nous l’ayant déjà visitée est celui dont le nom est inscrit à l’entrée… « Robert Badinter ».
Je ne sais pas pourquoi, mais cela m'a amusé de savoir que l'un des plus illustres d'entre les avocats avait donné son nom à ce lieu…uniquement fréquenté par des magistrats…
Je sais, j'ai parfois mauvais esprit.
Puis ce fut la visite des terrasses dont je vous confirme bien malheureusement qu'elles sont totalement inaccessibles aux avocats.
La première du quatorzième étage que j'avais parcourue de ce fait en toute illégalité est précédé d'une cafétéria qui a l’air bien accueillante.
La deuxième, au huitième étage est absolument splendide et donne l'impression d'être en dehors de Paris.
En outre, elle est mitoyenne à une salle de restaurant de près de 1.000 places, particulièrement agréable à laquelle, pas plus, nous ne pouvons, et pourront accéder.
Maintenant que nous savons que l'on a interdit de fumer sur les terrasses de 8/14 et 29ème étage, et que tout barbecue réfractaire qui pourrait provoquer quelque incendie n’est pas conseillé, on pourrait peut-être envisager d'en autoriser l'accès, à ceux qui quotidiennement font vivre la justice, participent à ce qu'elle soit rendue, et surtout ne sont pas les derniers à fréquenter ces lieux, je veux bien évidemment parler …des avocats…
Si le président Jean-Michel Hayat, par miracle, me lisait, je suis sûr qu’il pourrait l'envisager.
Dans les salles d'audience, aux murs tout en bois, et au mobilier immanquablement blanc, dont j'ai bien peur qu'il vieillisse assez mal dans le temps, les « designers » de l'équipe de Renzo Piano s'en sont donnés à cœur joie.
Il s'agit de créations originales totalement adaptées au lieu, et dont la présence évidente le démontre.
Dans certaines salles, notamment en chambre du conseil, ne soyez pas surpris par la forme des tables, volontairement ovoïde, pas seulement pour permettre l'accès par toutes les portes des dites salles, mais aussi pour favoriser l'écoute et la concertation lorsqu'il nous arrive de plaider assis.
L'œuf, plus que le cercle, deviendrait ainsi et naturellement le symbole même d’une justice moderne…ce n’est pas totalement inintéressant…
Dans les autres salles plus classiques de plaidoirie, intéressez-vous aux bureaux des magistrats prolongés, ou non, par un rebord.
La symbolique est celle de l'accès transparent à la justice sans aucun secret lorsque le bureau est lisse, alors que ce sera plutôt la solennité et la nécessaire séparation entre le juge et les justiciables lorsque le rebord apparaîtra.
Je vous l'ai dit, les bureaux d'études ont pensé, et surtout ont réponse à tout.
Dernier petit secret, assez intrigant au demeurant.
Placez-vous, dehors, sur l’esplanade, face à la façade principale.
Regardez les nuages y arriver…et continuer leur route comme s’il n’y avait pas de bâtiment…bluffant.
Une photo, non photoshopée, sur mon blog, en atteste.
Et puisque que nous sommes sur le parvis, un petit coup d’œil au chantier de la Maison des avocats qui progresse…vivement la MODA !