En définitive, j'ai adoré cette période-là.
Ce sentiment d'être chassé/chasseur pendant les cinq ans de ma campagne au conseil de l’ordre des avocats de paris fut particulièrement excitant.
Lorsque l'on ne fait pas parti d’un syndicat professionnel, d'une grosse structure, ou d'un réseau important au palais, en résumé lorsque l'on est un avocat indépendant, et comme ne manquait pas de me le dire ma grand-mère lorsqu'elle m'envoyait chez un commerçant: « Il faut se faire connaître …»
Là en fait se situe tout le problème.
En effet il conviendra de rappeler, encore et encore et sans relâche les aspirations et les raisons qui vous poussent à vouloir rentrer au conseil de l'ordre.
Sauf à de très rares exceptions, une seule campagne ne sera pas suffisante et il conviendra inlassablement de tenter de séduire, de convaincre l'électorat le plus difficile et rigoureux qui soit : nos confrères.
Celui qui se rêve impétrant, comme le qualifiait, il y a peu, mais inexactement, un illustre premier secrétaire de la conférence du stage, devra indéniablement faire preuve de constance, d'une humilité certaine de plus en plus forte suite aux premières désillusions qui ne manqueront pas de s'accumuler, et enfin d'une humeur égale : en bref, il devra faire le travail, et adopter la posture qu’on attend d’un candidat !
Au terme de son parcours, il aura rencontré des personnalités diverses, contradictoires et paradoxales comme seule notre profession sait en produire, et il aura l'impression de connaître, personnellement, si ce n'est intimement, l'ensemble de ses électeurs, un par un.
À celui qui rêve de succès, je souhaiterais préciser, qu'à une ou deux exceptions près par année, il n'y a pas de surprise dans ces élections, et dès la promulgation définitive de la liste des candidats dans le courant du mois d'octobre, les jeux sont quasiment faits.
Il y a eu, et il y aura toujours des exceptions, ceux qui ont trouvé un axe encore inconnu ou négligé de communication, qui, sans jouer ni respecter aucune règle du jeu, et à la surprise générale, pourront prétendre à se voir élire, voire même confortablement.
Pour tous les autres, c'est-à-dire la très, très grande majorité, il faudra mieux, avant que de jouer avec les règles du jeu, en connaître néanmoins les principes fondamentaux et, essentiels, si je puis me le permettre.
Cette entreprise, n'a pas pour but de de dévoiler tous les secrets de cette élection, et même sous la torture, je me refuserai à en avouer certains, mais néanmoins souhaite avoir l'ambition de révéler quelques principes que j'ai pu, ou cru pouvoir définir dans cette période 2006 - 2011 que nos enfants regarderont sûrement avec un amusement certain.
D'ailleurs, l’un des premiers principes, est de toujours garder cet amusement et ce plaisir, ce détachement et ce recul qui doivent prévaloir à toute ambition et notamment permettent d'encaisser les mauvais coups qui interviendront parfois.
Comme certains le savent, je n'ai pas cessé de dire que j'adorais la campagne et on me la bien rendu en m’y laissant de nombreuses années.
Alors voilà, si cela en intéresse quelques-uns, je vous apprendrai beaucoup de choses, mais pas tout, sur ces élections au conseil de l'ordre qui, vu le nombre croissant de candidats chaque année, semblent en passionner beaucoup plus que ce qui l’admettent.
Afin de terminer cette introduction, je souhaiterais rappeler l'histoire, transposable à nos élections, mais qui concernait l'Académie française que m'a narré l'un de nos confrères pour lequel j'ai une grande affection.
À la fin du XIXe siècle, trois académiciens poussent l'un de leurs « amis » à se présenter à l'académie.
Celui-ci, sûrement conscient de l'inanité de ses écrits et de la médiocrité de ses propos, renâcle et rechigne, mais finit par céder sous l'amicale pression.
Le premier tour se déroule et notre candidat malheureux se voit gratifier en tout et pour tout que… d'une seule voix.
Il se retire bien évidemment et ne manque pas d'adresser à ceux qui l'ont poussé à se présenter, des reproches et récriminations outrées mais légitimes.
« Vous êtes tous les trois de drôles d'énergumènes car malgré votre promesse je n'ai obtenu qu'une seule voix au premier tour… »
« Comment ça mon cher, tu avais notre soutien et en plus tu voulais nos voix ! »
À tous ceux, qui veulent tenter l'aventure des élections, il convient de méditer cette anecdote, tant, consécutivement à votre premier ou deuxième ou troisième échec, vous ne comprendrez toujours pas comment, avec tous ceux qui disent avoir voté pour vous, vous n'êtes toujours pas élu.
Si ce projet, de vade-mecum du candidat en campagne, peut en intéresser un ou deux, merci de me le faire savoir.
Moi qui ai dû m'y reprendre à six fois, et non pas à sept comme l'a écrit une éditorialiste d'un journal juridique, qu’au demeurant j'apprécie au plus haut point, laissons au bâtonnier Bigot du Granrut ce record qui ne l'a pas empêché de devenir par la suite un bâtonnier respecté et incontournable, je reste, aujourd'hui encore plus qu'hier, votre bien dévoué.