Le bonheur d’être Avocat.
Je vous l'accorde, nous avons tous l'impression que les temps sont difficiles, et que c'était sûrement mieux avant.
C'est inexact et les chiffres le démontrent.
On vit de plus en plus vieux et en meilleure santé, et le gain de QI a largement augmenté depuis un siècle.
L'extrême pauvreté régresse dans le monde.
On constate une diminution de la violence contre les femmes, du travail des enfants, du nombre de guerres et des morts induits.
Enfin, on dispose de plus de temps pour les loisirs avec un coût de la vie qui diminue.
Alors pourquoi cette sensation, dans les pays prospères et sûrs comme la France.
Ceci est sûrement dû, en partie, à une information exhaustive et anxiogène.
Personnellement, cela fait des années que je ne peux plus regarder le journal télévisé de 20h, sauf à prendre immédiatement après des antidépresseurs.
Alors oui, nous devrions être heureux et confiants dans l'avenir car l'humanité qui sera portée par nos enfants progresse, indiscutablement.
Malheureusement, nous ne le sommes pas, comme nous, Avocats n'avons pas pleinement conscience du bonheur que nous avons d'exercer cette profession.
Je vous l'accorde, le barreau auquel j'appartiens, s'il est le plus important et le plus riche, est aussi, paradoxalement, le plus pauvre.
Nous connaissons tous les difficultés quotidiennes liées à nos charges incompressibles : URSSAF, RSI, TVA, CNBF, CREPA et enfin, à la fin, la machine infernale ayant encore faim… les impôts.
Cela ne va pas s'améliorer, et cela, je vous l'accorde, hélas.
Néanmoins, nous devrions arrêter, et je suis pourtant le premier à le faire, de chouinasser.
Y a-t-il parmi nous, quelqu'un qui n'aime pas chaque jour son métier, l'un d'entre nous qui traînerait la patte le matin avant que de se rendre, dans un tribunal ou à son bureau.
Quelqu'un qui ne saurait pas que chaque journée sera différente, faite de rencontres, de joies et de déceptions il est vrai, mais surtout, de vie.
Quelqu'un qui n'aurait pas conscience, du service qu'il rend, des gens qu'il assiste, qu'il écoute, qu'il entend, qu'il aide et qui, pour la plupart, même si nous le savons ce n'est pas une caractéristique première de nos clients, en sont reconnaissants.
Notre vie professionnelle est passionnante, enrichissante, vivante.
Nous nous formons tous les jours, dans tous les domaines, notre curiosité est insatiable, elle est le gage de la qualité des services que nous rendons à nos clients.
Nous sommes un élément incontournable de la société civile, nous jouons un rôle primordial dans les équilibres sociétaux et nous devons, encore plus, en avoir conscience et prendre notre place.
Riches de nos libertés : de vie, de parole, de ton, fondamentalement indépendants, nous sommes l'avenir des sociétés démocratiques évoluées car nous sommes intransigeants, et nous le serons toujours sur les principes fondamentaux ; Valentin nous ne t’oublions pas.
J'aime à répéter, à satiété, la phrase de l'un de nos confrères, nous définissant : « de l’huile dans le moteur mais aussi et parfois, du sable dans l'engrenage ».
Pour en citer un autre, c'est sûrement plus aujourd'hui « le temps des avocats » que « le temps des juristes ».
Alors oui, il y a un véritable bonheur, et chaque jour, à être avocat, accordez-le-moi.
lext.so/GPL279u7