Inexorablement…La Grande profession du Droit !
La question n'est plus vraiment de savoir si la grande profession du droit va exister, ni véritablement quand (quelques mois) mais surtout, comment, et avec qui ?
L'absence de pro activité des institutions de la profession d'avocat ne sera pas rédhibitoire, ne nous leurrons pas, sauf pour nous tous, avocats, qui risquons d'être les grands perdants.
Nous nous comportons comme ces aristocrates d'un ancien régime vieillissant, persuadés que pour les siècles à venir la langue française dominera le monde, ou encore comme ces horlogers suisses méprisant l'inventeur du quartz.
Cependant nous connaissons dorénavant les méthodes de fonctionnement du gouvernement actuel, sans réelles concertations, et si nous n'avons pas compris, on se chargera de nous délivrer des cours de rattrapage.
Sans aucune proposition constructive de notre profession, la réforme inéluctable nous sera imposée, et pas forcément à notre plus grand bénéfice.
L'on pourra bien évidemment s'y opposer, manifester, « réactionnariser » sans que cela ne change grand-chose, car le but recherché est nécessaire.
La grande profession du droit, qui doit être la grande profession d'avocat est indispensable à la croissance de la filière juridique.
Si nous ne comprenons pas qu'il est impératif de se réunir avec ceux qui participent à la croissance de la filière juridique, alors que nous sommes attaqués, tant par une certaine interprofessionnalité que par la totalité des Legaltech, (et nous n’en sommes qu’au commencement) alors, nous subirons le sort des dinosaures.
La filière juridique, c’est 240 000 emplois pour 24 milliards de chiffre d'affaires annuel.
La profession d'avocat actuelle participe à peu près pour moitié, avec 112 000 emplois et 10 milliards de chiffre d'affaires, pour 4,40 milliards d'euros de bénéfices, selon les données de l'observatoire du CNB.
Néanmoins, malgré la croissance qui s'annonce, le revenu annuel moyen des avocats a baissé, constamment, de près de 7 % depuis 2011…
Nous sommes de toute évidence en perte de vitesse, et nous ne sommes plus le moteur principal de la croissance de cette filière juridique.
Ce sont les conclusions qui ressortent du premier « Grenelle du droit » organisé le 16 novembre 2017.
Qui dit Grenelle, dit bien évidemment, si ce n'est immédiatement une volonté de légiférer, à tout le moins celle de prendre position.
Les trois questions posées pendant cette manifestation étaient :
- La nécessité de fédérer les professionnels du droit.
- Le développement de l'attractivité du droit.
- L'avenir de la filière juridique.
Nous devons évoluer vers une formation initiale commune, avec une grande école du droit ouverte à tous ceux souhaitant travailler dans la filière juridique.
Nous devons définir le statut nouveau de l'avocat français, qui, une fois qu'il aura acquis le diplôme de fin d'études, ne pourra plus perdre son titre, à partir du moment où il continue de travailler dans la filière juridique concurrentielle.
Sa déontologie et ses prérogatives resteront les mêmes pendant toute sa carrière.
La sélection, basée sur l'excellence, devra être maîtrisée par la profession qui contrôlera l'accès, et la sortie de cette école du droit.
Vous pensez là qu'il s'agit de science-fiction alors qu'en fait ce n'est qu'une légère anticipation.
Maintenant il y a deux méthodes : l'opposition et la recherche d'un statut quo qui ne permet pas l'employabilité de tous les titulaires du Capa, et qui contribue à une baisse endémique du revenu moyen, ou le dialogue et l'écoute de toutes les parties prenantes de la profession.
L'on ne peut rester, comme on l'a fait durant de trop nombreuses années, dans la posture, et nous ne pouvons pas échapper à ce travail visant à exprimer nos peurs primaires, parfois primales.
Pendant ce temps-là, le deuxième Grenelle est prévu pour l'année 2018, et un groupe de réflexion constitué est déjà au travail, avec un nom que j'aime bien : « Tous droits devant ».