En cette période, où sans vraiment discuter d'un numerus clausus on évoque néanmoins une limitation qualitative de l'entrée à la profession il convient de prendre en considération les chiffres qui nous sont donnés par la CNBF, la Caisse Nationale des Barreaux Français, en résumé, notre caisse de retraite.
Celle-ci est gérée par des confrères élus formant un conseil d’administration, auquel j’appartiens, et chaque année, les délégués élus eux-mêmes, se réunissent en Assemblée Générale à Paris : cette année c'était le samedi 14 décembre 2013, à la maison du barreau.
N'étant pas un grand adepte des chiffres, je vais les arrondir pour faciliter la compréhension du propos.
En 2012 nous avons accueilli en France 3600 nouveaux avocats ce qui laisse subsister, mot atroce dans sa réalité, un solde net de 2500 avocats.
Le taux de progression retenue par la caisse afin d'envisager son avenir se situe entre eux 2200 et 2800 nouveaux entrants par année.
En 2012 les entrants se composaient de 66 % de femmes et de 34 % d'hommes.
Contrairement à ce qui est souvent écrit, et à ce que l'on croit, la profession d'avocat témoigne d'une incroyable stabilité.
Ainsi après trois années d'exercice 90 % des inscrits sont toujours présents, après 12 ans c'est 74 % et après 17 ans 71 %.
Depuis 2009 la progression des bénéficiaires d’une pension, plus 30 % est plus rapide que celle des cotisants : plus 17 %.
Ainsi si à l'heure actuelle le ratio est toujours favorable à savoir : quatre nouveaux inscrits pour un nouveau pensionné, les simulations pour 2040 retiennent deux actifs pour un retraité.
Sur la date de validation des droits à la retraite en 2003 nos confrères partaient à 69 ans et aujourd'hui à 65 ans.
Autre élément particulièrement nouveau à prendre en considération c'est celui de la durée moyenne de versement de la pension, si en 1985 celle-ci était de 8 ans, en 2012 elle a plus que doublé puisque aujourd'hui elle est de …. 17 ans.
Enfin dernier chiffre particulièrement intéressant à l’heure d’un autre débat de société, à savoir l'égalité professionnelle, le revenu moyen des avocats en 2012 est de 110 000 € alors que celui des avocates est de… 60 000 €.
Pour terminer une précision sur la fameuse « règle des 15 ans » sur laquelle on entend tout et son contraire, et ce même pendant nos campagnes professionnelles.
En effet circule le bruit qu'un avocat qui n'aurait pas travaillé 15 ans perdrait tous ses droits à la retraite.
Ceci est simplement FAUX, et pour faire extrêmement court il aura le droit à plus ou moins la moitié de la pension théorique.
La retraite de base, fondée sur le principe de la solidarité, qui permet ainsi, contrairement à de nombreuses caisses comme celle par exemple des commerçants, de servir à tous nos confrères, une pension minimum décente, est aujourd'hui de 16 000 €.
À partir de six mois d'exercice et jusqu'à 15 ans, le confrère qui fera valoir ses droits à la retraite verra ceux-ci calculés au prorata temporis sur la moitié de cette retraite de base soit 8000 €.
Si, comme le souhaite la caisse, ce modus operandi était modifié à savoir que le confrère ne toucherait plus une proportion calculée sur ces 8000 € mais comme tout un chacun sur les 16 000 € ceci correspondrait à une augmentation directe pour les actifs de 6 % de leur cotisation.
Il convient de rappeler, à ceux qui l’auraient oublié, que, en 2009, à l'unanimité, lors de son assemblée générale, la CNBF a voté le principe de la suppression de cette discrimination qui n'a jamais été validée, jusqu'à ce jour, par les pouvoirs publics…